Voilà c'est parti.
Ça faisait quelques jours que cette idée me trottait dans la tête, l'idée de me servir d'un blog pour faire ce que je cherche à faire depuis des mois, des années ; écrire. Ecrire pas n'importe quoi, mais produire une substance propre à restituer la représentation du monde et de la condition humaine dont je me trouve porteur. Je l'ai dit dans mon bref autoportrait, je suis formé à la musique, certes à niveau d'expert, mais sur le plan littéraire, bien que je manie à peu près correctement le verbe, je ne dispose pas, en tout cas à ce jour, des facultés requises pour organiser ma pensée dans le cadre d'un "essai" qui embrasse toute l'étendue nécessaire de mon sujet. Or mon sujet est vaste, puisqu'il consiste à redéfinir le monde, la condition humaine, à séparer le vrai du faux en la matière, le juste et l'injuste. A défaut d'essai, je tente le blog, pour la liberté de cheminement que cet exercice offre.
Mon intention, mon propos, mon aspiration est aussi politique que philosophique. Ma philosophie est politique, ma politique est philosophique, et pour tout dire, je ne comprends même pas comment on peut séparer ces deux disciplines l'une de l'autre. Si les "philosophes" de notre temps sont en effet nécessairement versés sur la politique, il est effarant de constater à quel point la réflexion des politiques est, quant à elle, d'une extrême superficialité. Nos politiques sont à l'image de notre société, privés de représentations fondamentales, à partir desquelles appréhender la réalité qui s'offre à eux. "Il faut" ou "il ne faut pas", "c'est bien" ou "c'est pas bien", mais pourquoi, comment, en vertu de quels critères, choisis dans quelle optique, personne n'en a la moindre idée, et tout le monde s'en fout comme de l'an 40 à vrai dire. Et les uns pensent ceci, et les autres pensent cela, et ils s'affrontent, se méprisent, s'ignorent, mais aucun ne sait pourquoi il ou elle pense ce qu'il ou elle pense. Personne ne dispose de fondations pour la pensée, c'est à dire pour ses représentations.
Moi, si.
J'ai trois maladies (au moins) l'une est un besoin compulsif de rationalité, l'autre une besoin frénétique de justice, et la troisième une haine névrotique de la médiocrité et de l'illusion qui en découle. J'ajoute, ce qui n'arrange rien, que je suis affublé d'un orgueil démesuré. Il résulte de ce cocktail explosif un dynamitage de toute forme d'idée reçue, y compris des plus profondément enracinées dans la pensée, et une reconstruction complète des représentations concernées. Deux de mes sujets de prédilection s'inscrivent notamment dans cette démarche : Dieu, et le libre arbitre.
Au sujet de Dieu, je ne suis ni croyant, car je n'adhère à aucun récit religieux particulier, ni agnostique, car j'ai mon idée claire sur la question de Dieu, ni athée, car Dieu existe évidemment, le tout est de savoir de quoi l'on parle quand on parle de "Dieu", ce dont ni croyants, ni agnostiques, ni athées ne peuvent justifier. Moi oui. Dieu, c'est, sur le plan épistémologique, le système dont tout système de l'Univers est partie, c'est aussi l'ensemble des lois et forces qui régissent la condition humaine dans son ensemble. Dieu n'est ni bon ni mauvais, mais peut s'avérer les deux à la fois, extrêmement bon, extrêmement mauvais. Dieu est évidemment complètement sourd et aveugle aux prières, à l'injustice, mais Dieu règne.
Quant au libre arbitre, c'est l'illusion la plus profonde et la plus universelle qui ait accompagné le développement de la civilisation. Je propose une révolution copernicienne de la condition humaine : ce n'est pas la conscience qui prend la décision, c'est la décision qui prend la conscience. Comprendre que l'être humain ne peut, en réalité et en dernière instence, absolument pas être tenu responsable de son propre comportement, c'est un pas à franchir semblable à celui qu'il fallut franchir pour comprendre l'illusion des représentations géocentristes. La conscience n'est le centre de rien, ce n'est pas là que se prend la moindre décision, que se fait le moindre choix. Certes, on voit le soleil nous tourner autour, alors qu'il traverse le ciel, mais c'est pourtant nous qui lui tournons autour. Certes, on "décide", on "choisit", mais ce qui se produit alors dans l'esprit ne correspond pas à la représentation que l'on en a. La "décision" et de "choix", relèvent en réalité du constat, dissimulé derrière l'illusion, pour la conscience, de régner.
Le "blog" consiste, par définition, à attirer l'attention sur soi, et je voudrais, dans cette optique, citer une référence. C'est une récompense décernée par Edgar Morin, avec qui j'ai eu la chance de correspondre quelques temps. J'ai un immense respect pour lui, il m'a appris énormément, je l'ai baptisé Pater Complexus. Il a qualifié l'un de mes textes que je lui avais alors adressé de "génial, visionnaire et dingue". Dingue, je le suis, cela ne peut faire l'objet d'aucun doute, au point d'avoir fini par faire fuir Pater Complexus. Il y avait de quoi, j'ai été jusqu'à me déclarer et me revendiquer prophète, rien de moins. Ce dérapage, qui me vaut une notoriété sulfureuse dans le cercle social que j'occupais alors, notamment constitué de musiciens, est de nature psychiatrique. Il se trouve en effet que je suis sujet à des troubles de type bipolaire. Dans mon cas, les phases d'exaltation se sont accompagnées de l'émergence d'un prophète, personnage "imaginaire" devenu, sous l'afflux d'énergie et la disparition de toute inhibition conjugués, "réel". Les phases de dépression furent terribles, terribles, terribles. Et ça repartait, voilà le prophète qui revenait. Puis c'était la chute, brutale, violente, cruelle. Et ça recommençait encore, le retour du prophète. Je serai peut-être amené à discuter plus en profondeur la nature de ces troubles, un sujet d'étude passionnant comme toute anomalie de l'esprit. Pour l'heure, il faut savoir que je me suis calmé, et ce pour une raison toute biologique d'abord, avec l'apport du lithium qui m'a stabilisé, suivi de l'élaboration de mécanismes, psychologiques ceux-là, de défense contre le transport, fût-il d'une frénésie de jouissance ou de douleur. Aujourd'hui, je suis sous antidépresseur léger, accompagné d'un thimorégulateur presque homéopathique, mais plus sous lithium. Je suis soumis à des manifestations bien plus vigoureuses que n'en comporte le panel affectif moyen de l'individu lambda, mais l'unicité de mon identité, et donc de ma représentation du monde, reste intègre. C'est la raison pour laquelle je suis théoriquement mûr pour "pondre" mon histoire.
Génial et visionnaire, j'avoue être absolument convaincu de l'être. J'avoue également aspirer vigoureusement à en convaincre le monde entier. Si cela venait à se produire, ce ne serait pas le fruit de mon érudition. Bien que ma culture générale, philosophique, littéraire, historique, politique, scientifique ou économique soit (évidemment) supérieure à la moyenne des citoyens français, elle est très inférieure à n'importe quel intellectuel, même des plus médiocres, qui gravitent dans de telles sphères. Ce qui est, chez moi, très supérieur à la moyenne des citoyens, mais aussi à celle des intellectuels, c'est la faculté à organiser les données. En bref, je dispose de moins de données, mais je les organise mieux, parce que je les observe mieux, parce que je les manipule dans la haine et la terreur de la médioctrité, de l'illusion qu'elle engendre, et de l'injustice qu'engendre l'illusion, dans l'amour et la dévotion au sacré. Il en résulte davantage de cette substance qui est à la pensée ce que l'or est à la roche : la vérité.
Je demande à être jugé, jaugé, apprécié sur pièces. Les pièces, je les présente ici. Mais rien ne m'interdit de donner mon avis, c'est ce que je fais, en me comparant au Facteur Cheval. Ma pensée, le verbe qui la traduit, sont semblables aux tracés de son Palais, pour le caractère amateur et autodidacte, par la singularité que les deux propositions partagent. Je crois savoir par ailleurs, que le Palais Idéal fait référence, à travers la proposition architecturale, au sujet de la condition humaine en général. Je dois remarquer cependant qu'à la grande différence du Facteur Cheval, dont l'oeuvre est sortie de terre, celle que je porte est encore largement confinée à l'intérieur de mon cerveau. C'est tout l'enjeu de ce blog, présenter les pièces de mon assemblage, dans un assemblage qui permette de les appréhender. Pour être tout à fait honnête, mon aspiration est autre que celle d'incarner un Facteur Cheval de la philosophie de l'épistémologie éthique ou de l'éthique épistémologique, mais plutôt un Evariste Galois. Mieux encore, je veux être le Luther King, le Mandela, le Ghandi du XXIe siècle et de l'Europe, et à travers elle de la civilisation occidentale. La différence entre Fabian Daurat le prophète déchu et Fabian Daurat qui écrit ces lignes, c'est que le premier avait fait de son rêve, de son aspiration, une réalité, quand le second se contente de rêver à haute voix. Ce que je sais aujourd'hui, ce que je comprends profondément, c'est mon impuissance. J'ai beau me tordre de toutes les douleurs, de toutes les joies au contact du monde, j'ai beau produire des suppliques en tout genre pour lui intimer l'ordre de changer, il ne fera que suivre sa route imperturbable de chaos. Ce qui est en mon pouvoir, quel privilège extraordinaire que celui-là, il me suffit bien, c'est de décrire le monde, l'analyser, le réfléchir, c'est à dire lui présenter une image de lui-même à travers la substance verbale. Je ne sais pas ce qu'est mon propre destin, celui d'un illuminé de plus dans la déchetterie numérique de la toile, d'un Facteur Cheval de la philosophie, d'un prophète du XXIe siècle, je n'en sais rien, et personne ne le sait, moins encore ceux qui ne comprennent pas mon génie. Mais je comprends le monde, et ma compréhension du monde est d'une grande singularité c'est certain, et à mon avis, comparée à l'offre que je connais, d'une aussi grande profondeur. Et puis, à la fin des fins, bien évidemment, le monde, je m'en fous, autant qu'il se fout de moi. Je satisfais surtout mon besoin de m'exprimer. Certains y verront du déchet, d'autres peut-être des pépites. Ce n'est pas de mon ressort. Tout ce qui est de mon ressort, c'est m'exprimer, or il se trouve que j'en éprouve le besoin parfaitement irrépressible. La vertu n'est jamais que la satisfaction directe de son propre désir, de son propre besoin, à défaut de quoi, elle est peut-être le pire des vices cachés. Offrir, quand on attend en retour, c'est un vice. Offrir, uniquement pour le désir, le besoin d'offrir, telle est la vertu. C'est ce que je fais à travers ces lignes, j'offre ma pensée au monde, et le monde en fera ce qu'il voudra. Moi, je me contente d'espérer, et, parfois, cela dépend des moments, de croire.
(ajout du 27 juin 2015 : Le nombre de pages visitées par visiteur est de 2.15. C'est un taux bas sans surprise, c'est un peu la règle du jeu. Or le taux de retour est assez faible aussi, même s'il n'est pas négligeable, de l'ordre de 15%. Je ne pense pas pouvoir changer quoi que ce soit pour améliorer ce taux, car s'il est aussi le résultat de mes limites réthoriques, il est surtout lié à la nature de l'exercice philosophique sur un support comme celui-ci. Mais une chose est certaine, déjà que tout lire suffit difficilement à me comprendre, alors en deux pages... Il faut un peu de courage face à l'effort, effort sans lequel on demeure, au mieux, dans son ignorance, au pire, dans sa débilité)