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Carnet d'un Facteur Cheval de la philosophie et révolutionnaire devant l'Eternel.
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28 mai 2015

Quelques mots de politique

Avant de revenir sur le sujet de Dieu et du libre arbitre, ainsi que la condition humaine en général, que je discuterai longuement dans cette colonne, je voudrais toucher deux mots de politique. Je disais dans ma note précédente que je suis effaré de la nullité intellectuelle de nos politiques. Les sujets illustrent, nombreux, cette débilité, mais le plus frappant, c'est en matière de finances de l'Etat. En effet, il règne, parmi les partis "de gouvernement", un dogme absolu, dont la puissance de pénétration dans ces esprits pauvres est inversement proportionnelle à la profondeur du sens : Il faut que l'Etat fasse des économies, car il faut que l'Etat rembourse ses dettes rubis sur l'ongle. Et c'est à qui réclamera les plus drastiques économies. En France, plus votre interlocuteur sera "sérieux", ayant fait comme études au minimum Science Po, sinon l'Ena, occupant un poste de responsabilité ou aspirant à en occuper un, plus il mettra un point d'honneur à insister sur la nécessité pour l'Etat de faire des économies. Les "socialistes" (qui font honte au socialisme) prennent une mine navrée, et hochent la tête avec condescendance pour expliquer que ce serait mieux si on pouvait dépenser de l'argent, mais bonnes gens, ils faut faire des économies. Les "libéraux" (qui par ailleurs font honte à la doctrine libérale originelle) lèvent le poing et réclament des économies, des économies et encore des économies, sans quoi toutes les foudres de tous les cieux s'abattront sur vous misérables pêcheurs! 

Arrêtons-nous quelques instants sur cette idée. Examons d'abord les conséquences de cette idéologie à l'oeuvre. En quoi consiste le fait de faire des économies, pour un Etat? A réduire la quantité et/ou la qualité de service rendu aux populations concernées. On peut faire des économies en diminuant le gaspillage, me dites-vous, et en conservant le niveau de service? Ma foi, l'intention est excellente, quelle beauté dans le sentiment! Mais la réalité est autre. La réalité, c'est que nous voyons la Grèce, nous voyons tous les pays de la zone euro se serrer la ceinture, et saigner leurs services publics, leurs prestations sociales, les salaires des fonctionnaires. L'option qui a été prise par le gouvernement Hollande, c'est celle d'épargner relativement le service public, en tapant à bras racourci sur les "moyens plus", qui se sont transformés pour l'occasion en vaches à lait. Disons que c'est un moindre mal, mais le moindre des maux ne vaut pas ce qui est bien, ne vaut pas ce qui est juste, loin s'en faut. 

En France, jusqu'à présent, les plus pauvres sont épargnés, ils continuent à bénéficier des mêmes aides qu'auparavant. Ils sont de plus en plus nombreux, de plus en plus pauvres. Mais que dire de la Grèce, littéralement dévastée par la nécessité que l'on lui impose de faire des économies, où des dispensaires remplacent les hopitaux en état de ruine? Et que dire de l'Espagne ou la cure d'austérité tire jusqu'à la rupture? Et même dans les pays dont les finances se portent bien, comme l'Allemagne ou le Royaume Uni, les économies permanentes s'accompagnent d'un système social aussi indigent qu'elles sont prospères. 

Toutes ces économies, elles pénalisent d'abord les plus vulnérables, les silencieux, les sans voix, ceux qui d'ailleurs ne votent pas. Parmi les ayatolas des économies, aucun n'est en péril si l'école publique est défaillante, car leurs enfants sont dans le privé, aucun ne panique si l'hopital se fout de la charité, car ils se font soigner en clinique, ou dans les services d'élite, loin des salles d'urgence bondées. Ils n'ont aucun besoin de service public, de prestation sociale, de soutien de l'Etat. 

Mais les gens modestes, ils n'ont aucun espoir de voir leurs enfants échapper à leur condition avec une école qui tire la langue pour faire des économies, là où elle a vocation à déployer des moyens de guerre contre la misère sociale, intellectuelle, existentielle. Les gens modestes, ils ne se soigneront pas si l'on ne leur offre pas de soins, si l'on ne les accompagne pas dans tous ce qu'ils intreprennent, ils n'entreprendront rien. C'est le rôle suppérieur de l'Etat que de répondre aux besoins des couches les plus humbles de son terreau social. L'Etat n'est rien, ne sert à rien s'il ne sert pas à cela, car la politique du vae victis ne tue pas seulement les vaincus, elle tue la société toute entière qui les porte. La France ne meurt-elle pas de sa désintégration? Son Etat a une guerre à mener, contre la misère, et il faut l'approvisionner du trésor qu'elle requiert, absolument pas le dépouiller.

Voyons à présent, au nom de quoi l'on réclame ces sacro-saintes économies? Au nom de la dette! Oui, car nos Etats empruntent leur argent sur les marchés. Pour comprendre ce que cela signifie, il faut se figurer un pays qui ne disposerait pas assez d'oxygène pour sa population, et qui irait l'emprunter avec intérêts à des possesseurs d'oxygène, des tonnes et des tonnes d'oxygène. En effet, si l'oxygène est nécessaire au fonctionnement d'un pays, tout comme l'eau par exemple, l'argent l'est également. Il faut donc bien que le pays emprunte de l'oxygène, et il faudra le rendre bien. Comment éviter l'asphyxie? Ha, tu te démerdes, tu trouves de l'oxygène, et tu le rends. Comment, tu en manques justement? J'ai de mavaises nouvelles pour toi, tu vas crever. Voilà résumé l'ordre économique du monde.

A qui l'Etat peut-il bien devoir de l'argent, si ce n'est à des riches? A-t-on déjà vu des pauvres faire commerce de la dette? N'est-ce pas une activité particulièrement lucrative que de prêter de l'argent? N'est-ce pas stupéfiant que ces gens sérieux, avec leur obsession pour les économies, ne voient pas que quelque chose cloche? Comment cultiver la moindre dignité quand on défend une idéologie qui revendique la nécessité de prendre aux pauvres pour donner aux riches? De l'argent pourtant, il y en a des quantités astronomiques, de quoi en arroser la terre entière abondamment. Il y a assez d'oxygène pour 10 planètes, et voilà que l'on meurt d'asphyxie, parce qu'il faut rembourser la dette. 

Je ne parle même pas de la misère hors de nos frontières européennes. On vient se noyer sous nos fenêtres pour échapper à son asphyxie, et ils contemplent le spectacle en réclamant des économies pour les secours en mer. Le passeur, c'est lui le méchant, c'est un terroriste! Dynamitons le passeur, nous dynamitrons la misère. Ces gens "sérieux" qui veulent faire des économies tout le temps ne savent pas ce qu'est la misère. Ils n'en ont aucune idée et ils s'en foutent, ce qu'ils veulent, c'est faire des économies. 

L'idéologie selon laquelle la responsabilité supérieure d'un Etat est de faire des économies, est une idéologie mortuaire, nihiliste, scélérate. Mortuaire parce qu'elle tue les sociétés qu'elle frappe, nihiliste parce qu'elle méprise le concept de dignité humaine, scélérate parce que si les gens "sérieux" qui la défendent mettaient le quart de l'énergie ainsi employée à remettre en cause les mécanismes économiques et financiers à l'oeuvre, qui entraînent ce besoin d'économie, ils le ferait disparaitre. Ponctionner ne serait-ce qu'une petite partie des fortunes astronomiques concentrées dans les mains les plus prospères, pour investir dans la lutte contre la misère, quelle qu'en soit la nature, où qu'elle se trouve, et permettre aux Etats de remplir leur mission, cela changerait la face du monde. 

Mais avec des "si"... Si l'on n'a pas le pouvoir de faire reculer l'injustice, on peut au moins la nommer, la dévoiler. Chacun négocie avec sa dignité son rapport à l'injustice. Tout ce que je peux faire, c'est mettre les points sur les i. 

Sur ce je vais me coucher, à vite.  

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Commentaires
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  • Il fallait choisir une catégorie, j'ai opté pour "littérature et poésie", s'il y a avait eu "philosophie", j'aurai retenu ce choix, même s'il s'agit aussi bien de "politique". Ceci est un journal intime, une lettre ouverte au monde, finalement mon oeuvre
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