Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Carnet d'un Facteur Cheval de la philosophie et révolutionnaire devant l'Eternel.
Visiteurs
Depuis la création 3 657
Archives
16 novembre 2015

Un nuisible

Bon alors je vais y aller, moi aussi, de mon petit commentaire. J'ai vachement envie de dire un truc, mais alors va falloir essayer de trouver quoi. Pas facile. C'est vraiment le genre de circonstance typique où se disent le plus de conneries. Le mieux serait de fermer ma gueule alors me direz-vous? Oui. Mais non. Tant pis.

Parmi les trucs qui m'énervent, il y a cette illustration tellement spectaculaire de la règle du différentiel distance/souffrance. Il s'agit d'une équation affective qui ne fait pas honneur à la race Homo Sapiens. Si nous sommes des mammifères effectivement exceptionnellement doués d'empathie (bien que d'autres mammifères en soient fort capables aussi), l'empathie en question est régie par cette loi qui m'apparaît obscène : l'identification à la souffrance d'autrui est inversement proportionnelle à la distance qui le sépare.
En effet, l'indignation est soudainement à son comble, les démonstrations d'amour pour les siens paroxystiques, pourtant, il ne s'est rien passé de particulier vendredi soir. Ou plus exactement, la seule particularité de ce qui s'est passé vendredi soir, c'est que ça s'est passé dans ma ville, dans mon pays, que des amis d'amis ont été tués, bref, des gens proches de moi. Là, du coup, je suis vachement triste pour eux.
C'est humain, comme on dit. Certes. Mais c'est dommage que ça le soit. Parce que, justement, ce dont Homo Sapiens a besoin, c'est d'empathie globale. C'est en se soignant elle-même globalement que notre espèce peut espérer faire reculer la violence qu'elle abrite. Pas seulement en se préoccupant du sort des individus concernés par un périmètre géographique et affectif particulier.
Et sans parler du fait que le monde entier soit bouleversé quand Paris est sous le feu, mais bouge à peine la moustache quand cela se produit dans le monde que j'appelle indigénisé. Il est absolument évident que toutes les vies ne se valent pas, et que les vies occidentales sont celles qui valent le plus cher.

Attention! Que l'on ne s'y trompe pas. Je ne suis pas en train de minimiser la barbarie de Deash, telle qu'elle s'est exprimée, PAR EXEMPLE, vendredi soir dernier. Ce que je dénonce, c'est l'émotion à géométrie hyper variable.
Le monde dans lequel on vit est une saloperie.
Il serait temps d'intégrer cette information.

C'est une saloperie, parce que la violence est omniprésente, elle caractérise la marche du monde globalisé du XXIe siècle. Il y a la violence spectaculaire, comme celle de vendredi soir, des gens qui prennent du bon temps en toute innocence, en toute ignorance du moindre risque, sans la moindre forme d'avertissement, et qui se font trucider à la chaine - transformation hyper brutale et impressionnante de vie en mort, de légèreté en cauchemar sans réveil.
Et puis il y a la violence ordinaire, silencieuse, celle qui ne suscite pas l'empathie qu'elle devrait, je parle de la domination du monde riche et puissant sur le monde pauvre et soumis.
Oxfam estime que les 80 foyers les plus riches, dans le monde, possèdent un patrimoine cumulé égal à celui des 3 milliards 500 mille foyers les plus pauvres. Cela signifie que 80 foyers accumulent en moyenne 44 millions d'euros, quand 3 milliards et demi de foyers n'en possèdent qu'un seul.
Ces 50% les plus pauvres, se disputent 1% de la richesse mondiale.
En élargissant le spectre, 0.7% de la population Homo Sapiens, soit 49 millions de personnes, détient 41% du patrimoine mondial, celui que se partagent les 7 milliards de représentants de notre espèce. Les 10% les plus riches, 700 millions, en concentrent 86%.
Tout ça, c'est des chiffres me direz-vous? Oui, ce sont les chiffres de la misère. Une misère vertigineuse.
Nous avons à l'oeuvre une caste hyper puissante de quelques dizaines d'individus, étendue à quelques centaines, quelques milliers d'hyper puissants, une population très privilégiée de quelques dizaines de millions, et sensiblement privilégiée de quelques centaines de millions, et des milliards et des milliards de miséreux.
Telle est, à mes yeux, la plus grande violence dont il y ait lieu de s'indigner : le mépris d'homo Sapiens pour Homo Sapiens.

Maintenant, ceci explique-t-il cela? Est-ce à cause de toute cette injustice que des êtres humains en arrivent à cette soif de sang? J'avoue que je n'en sais rien.
Je suppose que même dans un monde économiquement et idéologiquement équilibré, où la dignité et la valeur de chacun serait officiellement et réellement identique, Homo Sapiens produirait des fous sanguinaires.
Mais une chose est certaine, ils auraient beaucoup plus de mal à faire école, à susciter la moindre complaisance. Daesh recrute sur la base du ressentiment, de l'amertume, de la frustration de ceux qui s'identifient aux perdants du merdier qui fait office de marche du monde.

Tant de haine, on voudrait comprendre. Il doit y avoir une raison. Ha, nous dit-on beaucoup, c'est parce qu'ils ont bombardé la Lybie, l'Irak et la Syrie.
Attention!
S'il est vrai que la disparition des régimes de Kadafi et les difficultés du régime de Bachar, en particulier, ont ouvert la voie à l'émergence de Daesh, Daesh ne vient, en revanche, venger la mort de personne! Ils viennent la semer, point barre. Combien se sont précipités pour dire qu'ils n'étaient pas charlie? Charlie ou pas, juif ou pas, musulman ou pas, lève-tôt ou lève-tard, ce qui intéresse Daesh, c'est la mort, au moins cette fois tout le monde le comprend. Il faut quand-même savoir que l'immense majorité des victimes de Daesh à travers le monde sont musulmanes.
S'il est vrai, par ailleurs, que l'on peut difficilement prêter de nobles intentions aux occidentaux qui sont intervenus en ce sens, on ne peut en prêter de meilleures, ni à Kadafi, ni à Bachar. Les printemps arabes n'étaient pas l'instrument du monde occidental, mais un mouvement spontané d'aspiration à la justice, réprimé dans le sang. En rien il n'eût été plus honorable, de la part des dirigeants occidentaux, de les laisser faire tranquillement. Alors, quoi, quelle est la leçon à retenir? Qu'il faut laisser les despotes mater tranquillement leur population, surtout les laisser crever, car sinon des méchants risqueraient de nous attaquer? Tu parles d'un idéal de justice.
Il y a bien des saloperies à reprocher à nos dirigeants, c'est pas ça qui manque. Il est infiniment plus urgent de leur reprocher de faire un monde de misère, que de frapper certaines fripouilles d'entre eux.

On voudrait comprendre pourquoi tant de haine, mais il n'y a rien à comprendre. C'est la condition humaine qui est à blâmer. Tel est l'être humain, doué d'empathie à géométrie variable, et éventuellement soumis à la soif de sang.
Autant chercher à comprendre pourquoi Angela Merkel tient tant à punir les grecs, et autres apostats et mécréants de la sacro-sainte Dette.
Autant chercher à comprendre comment on peut se gaver d'or pendant que ses semblables crèvent de misère, sachant, par dessus le marché, qu'il n'y aurait pas tout cet or, s'il n'y avait pas toute cette misère.
Autant chercher à comprendre pourquoi Homo Sapiens est engagé dans un méticuleux saccage de son propre environnement.

Pour ma part, je me contente d'en prendre acte, et d'en déduire qu'Homo Sapiens, jusqu'à preuve du contraire, est un nuisible. Un nuisible à lui-même. Que Daesh frappe ou ne frappe pas, ici, ou ailleurs.

Publicité
Commentaires
Carnet d'un Facteur Cheval de la philosophie et révolutionnaire devant l'Eternel.
Publicité
Carnet d'un Facteur Cheval de la philosophie et révolutionnaire devant l'Eternel.
  • Il fallait choisir une catégorie, j'ai opté pour "littérature et poésie", s'il y a avait eu "philosophie", j'aurai retenu ce choix, même s'il s'agit aussi bien de "politique". Ceci est un journal intime, une lettre ouverte au monde, finalement mon oeuvre
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
Publicité