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Carnet d'un Facteur Cheval de la philosophie et révolutionnaire devant l'Eternel.
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11 juin 2015

Le libre arbitre et la machine humaine

J'ai largement condamné le libre arbitre au cours des lignes précédentes, il était temps de l'accuser. En matière de procédure judiciaire, pour ce qui concerne les représentations, il y a plus de place au chaos qu'en matière de justice chargée de juger les personnes qui les portent. La justice, d'ailleurs, ne devrait juger que les représentations, et non les personnes qui les portent, puisque le libre arbitre est une illusion. Je reviendrai à la justice et son expression institutionnelle, mais cela pour dire que si j'ai commencé par Dieu, c'est qu'il fallait bien commencer quelque part. Si j'avais commencé par fournir l'instruction contre le libre arbitre, j'aurais dû condamner l'athéisme, l'agnostisme et la mythologie monothéiste avant de les avoir discutés. C'est toute la limite de la linéarité du verbe, une limite à laquelle je suis particulièrement confronté, moi qui ai besoin d'expliquer A, qui ne peut se comprendre que grâce à B, qu'il faut expliquer par A et C, qui eux-mêmes requièrent B pour être compris et ainsi de suite. Voilà pourquoi je procède par aller-retour constant. A présent, je vais m'arrêter longuement sur le libre arbitre. Je reviendrai clore le chapitre Dieu par la suite.     

Comprendre l'illusion que représentre le libre arbitre, c'est principalement comprendre que l'être humain est une machine. Ô je vois bien votre sang affluer au visage, vous, légions, qui croyez en la noblesse de votre âme comme des précieuses ridicules. L'être humain est une machine, la plus complexe, la plus prodigieuse qu'il nous soit donnée d'observer, une machine qui ressent, et qui pense. Vous vous esclaffez, parce que votre représentation de la machine est aussi misérable que son artefact d'acier et de plomb. Apprenez que la machine, c'est l'expression physique la plus complexe du système. Le terme de système s'est déjà largement signalé au cours de ce récit, mais je vois ici l'occasion de l'examiner plus explicitement. Pour comprendre pourquoi et comment tout est système, il faut lire Edgar Morin, tout y est expliqué. Je vais, ici, brosser brièvement le concept. Un concept clé, mais si bien discuté et exposé par les intellectuels concernés (pour une fois) que ma tâche est superficielle, bien que révolutionnaire.

Le système, c'est le mode opératoire de la Physis. En d'autres termes, tout ce que l'on peut observer, appréhender, examiner, qui réside en une manifestation physique donnée, relève du système. Le système présente notamment cette particularité qu'il est, lui-même, constitué de systèmes. Le système est constitué de parties, elles-mêmes systèmes, et l'ensemble de ces parties forment un tout que l'on ne peut réduire à la somme des parties, un tout que les épistémologistes appelent système. L'atome est un système, constitué de parties, un noyeau, fait d'un proton et d'un neutron, dont le couple forme déjà un système, ajouté des éléctrons qui gravitent autour de lui, au sein d'un immense vide, dont le tout forme un atome, qui ne saurait se réduire à la somme d'un proton, d'un neutron et de quelques électrons, mais inclue la façon dont tout cela est organisé. Et les atomes, ces systèmes, forment des molécules, des systèmes d'atomes. Et les mêmes atomes donnent l'air, la terre et le feu, la pierre et la peau, le système solaire et le système cardiovasculaire, le Cosmos et le cortex humain. 

Le système, disais-je, présente la propriété de résider en un tout, qui lui-même, ne "réside" dans rien, ou plus exactement, rien de "matériel", rien qui ne se signale par une quelconque phénomènologie, autre que le phénomène de son existence à posteriori, une existence qui s'impose par la réalité de l'activité à laquelle elle correspond. Prenons l'exemple de la cellule dite vivante. Elle est porteuse des gènes qui, au travers de l'ADN, dictent sa conduite. L'ADN incarne effectivement physiquement, en l'espèce, le tout dont la cellule est partie. Mais pris individuellement, les atomes qui forment cette cellule ne montrent aucune propriété particulière, leur comportement d'atome, au sein de la cellule, est le même qu'au sein de la pierre. Le tout, seul capable de justifier, et non la somme des parties qui le constituent, que le même atome puisse servir au cortex ou à l'astre lunaire, ne réside dans aucune "matière". En ce sens, il incarne de manière éloquente le concept Dieu. Dieu est le Tout que constitue l'Ensemble des parties, et chaque système, chaque système dans le système, de cet ensemble de systèmes incommensurable d'éternité quoique fini en espace et en temps qu'est le Cosmos, est l'expression de Dieu. 

Le saut de complexité de système qui correspond à la biosphère, est un saut vers la réduction du rôle d'Aléa dans le système. Le déterminisme devient beaucoup plus frappant à l'échelle de cellule qu'il ne l'est à échelle d'atome. Les électrons n'ont d'existence physique que statistique, leur course folle autour du noyeau est livrée au chaos et au vide. Mais ces mêmes électrons servent pourtant de pierre à l'édifice biologique, et quel édifice, édifice qui se construit sous la dictature de l'ADN, et la légère inflexion d'Aléa. 

J'en reviens à l'être humain. C'est d'abord une machine biologique. Une machine physique certes infiniment moins massive qu'une machine telle l'astre solaire, mais prodigieusement plus complexe, de la plus grande complextité biologique. C'est une machine biologique constituées de machines tels les organes, et de systèmes en tous genres, en vertu desquels s'activent les cellules. Cette machine, possède, c'est le cas de le dire, un cerveau. Ce cerveau présente une extension, le cortex, au sein de laquelle se produisent les manifestations physiques correspondant à l'activité noologique. En clair, le cerveau humain produit de l'esprit, de la conscience. Cet esprit, cette conscience, c'est ce qui fait de la machine humaine la machine la plus prodigieuse qu'il nous soit donné de connaître, ce n'est pas ce qui en fait une créature échappant à la "matière", elle est "matière", ni plus ni moins que le soleil, l'eau l'air et la terre.

L'être humain est une machine, et cette machine, comme toute machine biologique, est dotée d'un cerveau pour en régir le comportement. Le cerveau est lui-même une machine, et cette machine produit une substance noologique. Cette substance noologique est d'abord affective. L'être humain est peut-être la créature biologique qui ressent le plus, car l'on peut supposer que l'affect est d'une complexité proportionnelle aux capacités cognitives, mais il est bien évident que ce n'est pas la seule à ressentir. Il est tout naturel d'estimer que ressent toute créature qui exprime ce qu'elle ressent, or les animaux expriment un panel affectif aussi vaste qu'ils disposent de capacités cognitives étendues. Pour ce qui est des capacités cognitives, on ne cesse, chaque jour, de découvrir à quel point celles des mammifères, y compris marins, sont étendues. Les plus performents d'entre eux sont capables d'exécuter des tâches d'une grande complexité, complexité à l'image de leur comportement. Mais l'être humain, bien évidemment, présente les capacités cognitives les plus étendues, et de loin, du règne mammifère. S'interroger sur la substantifique singularité d'Homo dans le règne mammifère, c'est s'interroger sur la nature de la conscience, plus que sur celle de l'esprit. L'esprit c'est ressentir et concevoir, la conscience, c'est ressentir et concevoir à un stade affectif et cognitif singulier. Cette singularité n'est aucun libre arbitre, car la conscience n'est pas ce qui forge l'affectif et le cognitif, mais ce qui émerge de leur activité porté à un certain seuil.  

La conscience est au cerveau ce que la flamme est au combustible qu'elle embrase. Elle l'embrase quand la "matière" atteint un certain seuil d'activité, en l'occurrence de température (l'augmentation de température n'étant rien d'autre que de l'augmentation d'activité). Il en va de même pour la conscience et le cerveau, la première émerge lorsque le second atteint un certain seuil d'activité. En l'occurrence, l'activité d'un cerveau, c'est des électrons qui empruntent des réseaux biologiques, incarnés par les neurones et leurs synapses. L'activité de la matière qui s'embrase est constituée, pour les électrons qui le constituent, de circuits infiniment moins déterminés, c'est à dire complexes que ceux du cerveau. Mais l'origine, la nature primaire de l'activité est la même. Cette analogie a des limites cependant. D'abord, la pensée ne consumme évidemment pas le cerveau, mais surtout, la conscience est une tierse entité, distincte des électrons qui en suscitent l'émergence, alors que la flamme est une autre trajectoire des mêmes électrons qui constituent son milieu. La conscience, et l'esprit en général, c'est l'expression paroxystique de la singularité du tout, cette notion logeant au coeur de la notion de système, elle-même logeant au coeur de notre contact avec la Réalité. Ce n'est ni plus, ai-je envie de dire, ni moins. L'esprit, et à fortiori la conscience, incarne le tout correspondant au système cérébral, et d'ailleurs au système biologique en général de l'individu, à travers son expérience, c'est à dire ce qu'il ressent, ce qu'il pense. C'est pourquoi je qualifie l'affect et le cognitif de substance noologique, car cette substance existe, elle est réelle, puisque nous en faisons l'expérience et que nous exprimons cette expérience (cogito ergo sum), mais elle n'est pas physique, bien qu'elle réside dans la "matière" (des électrons). C'est le propre du tout, au sein du système, que de se distinguer de la matière dans laquelle il réside. La conscience ne s'attache à aucune nécessité de libre arbitre particulière, autre que le tout d'un système en exige de manière générale. Elle ne "prouve" d'ailleurs ni plus ni moins l'existence de Dieu que l'atome, le soleil, l'oeuf et la poule, l'écosystème terrestre et tout ce qui l'entoure.    

Le libre arbitre est une illusion, et j'affirme que cette vérité, si elle ne peut être scientifique, comme l'héliocentrisme du système solaire, est une vérité de nature épistémologique. Or les sciences dites molles ont en commun avec la science, d'être sujettes à l'empire de la logique. Le libre arbitre est une illusion, parce que, ce qu'il est censé incarner, ne peut pas être. Ce ne peut pas être, pour autant de raisons qu'il y a de soit-disant manifestations du libre arbitre, par conséquent, pour démonter le libre arbitre de manière empirique, il faudrait avoir accès à chaque situation à laquelle on l'associe. Je tâcherai de prendre des exemples typiques de l'exercice supposé du libre arbitre pour analyser la réalité des ressorts à l'oeuvre, mais au-delà de la démarche empirique, il y a la possibilité, et la nécessité, d'une construction théorique. Je vais tâcher de démontrer, aux moyens d'une théorie générale, que le libre arbitre ne peut pas exister.   

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  • Il fallait choisir une catégorie, j'ai opté pour "littérature et poésie", s'il y a avait eu "philosophie", j'aurai retenu ce choix, même s'il s'agit aussi bien de "politique". Ceci est un journal intime, une lettre ouverte au monde, finalement mon oeuvre
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