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Carnet d'un Facteur Cheval de la philosophie et révolutionnaire devant l'Eternel.
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15 juin 2015

Théorie de la relativité générale du libre arbitre

L'intitulé de ce chapitre, en forme de clin d'oeil à Einstein que j'aime beaucoup, par ailleurs, descendre de son piedestal pour son illusion en matière de physique quantique (discussion à suivre), et parce que Dieu, précisément, joue aux dés comme je l'ai illustré, l'intitulé de ce chapitre ne doit pas porter à confusion. Si le temps et l'espace, qui étaient censés être absolus, se sont avérés relatifs, mais existent toujours bel et bien, le libre arbitre lui, passant d'absolu à relatif, disparaît complètement. Le libre arbitre est un arbitrage, certes, mais pas libre du tout. Si la lumière qu'était censé émettre un avion s'avère celle d'une étoile, l'avion disparaît complètement. Tel est le destin du libre arbitre. 

Pour attaquer les fondements du concept de libre arbitre, il faut d'abord les désigner. Qu'est-ce qu'est censé incarner le libre arbitre? Il est censé incarner la souveraineté de la conscience, notamment sa souveraineté sur elle-même. Le libre arbitre exprime l'idée selon laquelle la conscience dispose de la liberté d'échapper aux contingences diverses et variées auxquelles elle est éventuellement soumise, en forgeant elle-même sa substance. C'est l'idée que la conscience produit sa substance en conscience, en un lieu où s'exerce sa souveraineté absolue. Le libre arbitre cependant, présente une confusion congénitale : l'erreur, la faute, est-elle le résultat de l'absence de l'usage du libre arbitre, ou est-elle le résultat d'un mauvais usage de ce dernier? Les deux propositions sont aussi absurdes l'un que l'autre, mais elles se gènent mutuellement. Pourquoi le libre arbitre choisirait librement de ne pas se mobiliser, et pourquoi, s'il est libre de choisir le vrai, le bon, choisit-il le faux, le mauvais? Pour satisfaire la cruauté de Dieu?

La conscience ne recèle aucune propriété propre à élaborer, en son sein, la substance qu'elle abrite, pas davantage que le nombre trois ne présente l'aptitude à se diviser en deux unités égales qui, mutlipliées par trois, atteignent le nombre trois. Cela ne se peut pas, pourquoi? Parce que le libre arbitre implique la notion de choix/décision, et que le choix/décision implique la connaissance de cause ; pour pouvoir se légitimer, le libre arbitre doit disposer des données utiles et indispensables à traiter dans l'optique de la décision, pour exercer son choix. A moins que l'on veuille loger le libre arbitre dans la moindre manifestation consciente, mais alors à quelle forme de liberté faut-il associer l'arbitrage qui préside à son expression? Avoir chaud, froid, faim, soif, joie, peur, colère, haine, besoins et désirs, et l'exprimer sans réflexion préalable particulière, les réactions immédiates et spontanées en tous genres, est-ce cela que l'on entend par le libre arbitre? Non, prenons l'hypothèse, plus complexe, selon laquelle le libre arbitre est censé incarner ce qui peut échapper au chaud, au froid, à la faim, à la soif, la joie, la colère, à la haine aux besoins et aux désirs. Ce qui peut y échapper, si, et seulement si le libre arbitre se mobilise! Selon quel type de causes? Voilà un autre problème. Et une fois mobilisé, attention, le libre arbitre peut encore se tromper comme quoi, décidément, il ne faut pas trop s'y fier. Bref, passons, prenons cette hypothèse donc, selon laquelle le libre arbitre représente, en somme, l'expression la plus noble de la conscience, quand cette dernière dispose des données dont elle a besoin pour faire les choix, prendre les décisions qui lui reviennent, et quand elle se mobilise dans cette optique. 

Nous obtenons ainsi :  libre arbitre = choix/décision = données et conditions requises. Or, cette équation présente un gros problème de nature logique. Ce qui est requis, c'est ce qui n'est pas la liberté. Ce problème, c'est le suivant : la conscience, par définition, ne peut disposer de la faculté, ni de s'emparer de données utiles, ni de se mobiliser délibérément.

1) La conscience ne peut solliciter les données dont elle ne dispose pas, parce que le propre de ce qui n'est pas conscient, c'est de ne pouvoir le devenir sous l'action de la conscience. Si j'ignore, à un instant T, telle donnée, je ne peux, en conscience, convoquer cette donnée, dont le propre est, précisément, d'échapper à la conscience. Cette donnée peut, ou pas, faire irruption dans la consience à un instant Tx. Elle peut le faire sous l'effet de la concentration, ou de manière tout à fait fortuite, comme elle peut échapper à la concentration, et à l'aléa de l'activité cérébrale qui propulse les données dans la sphère consciente. Mais quoi qu'il en soit, ces données, parvenues à la conscience, n'ont pu être choisies par la conscience, qui ne peut que les appeler, avec ou sans succès, et sans, par conséquent, la liberté d'en jouir. Par ailleurs il se trouve qu'une conscience qui appelle des données, c'est une conscience qui dispose des données nécessaires à la compréhension du manque de données, or ce sont ces données les plus cruciales, et elles échappent autant que les autres à la faculté, pour la conscience, de les convoquer.   

2) C'est pour les mêmes raisons que la conscience ne peut choisir de se mobiliser ou de sommeiller. Ce qui mobilise la conscience, c'est un stimulus. Un stimulus peut mobiliser la conscience, ou éventuellement ne pas y parvenir, mais dans les deux cas, la conscience n'aura pas choisi l'issue. Le propre d'une préoccupation, de l'objet d'une réflexion, d'une activité consciente en général, c'est d'être suscitée par des facteurs qui, eux, échappent à la conscience. Certes la concentration, là encore, peut appeler le stimulus - "à quoi faut-il que je réfléchisse pour bien réfléchir?" - mais l'objet de la concentration, in fine, ne peut être déterminé par la conscience, car s'il est étranger à la conscience, il ne peut, par définition, être sollicité consciemment. Etre en mesure de chercher sur quoi focaliser son attention, c'est déjà avoir l'attention mobilisée. Le propre de ne pas prêter attention à ce qui requiert pourtant l'attention, c'est, pour la consience, l'inconscience d'avoir à se mobiliser, en donc la non jouissance de la liberté de le faire. Le libre arbitre, la conscience ne peut ni se mobiliser, ni d'ailleurs se démobiliser. Certes, on peut tenter de se relaxer, par exemple, mais là encore, le succès ou non de cette démarche ne dépend d'aucune liberté d'arbitrage conscient.    

On peut essayer de sauver le soldat libre arbitre en amendant sa liberté. D'accord, il n'a pas la liberté des données et conditions requises, mais il a la liberté de s'exercer à l'intérieur des données et conditions héritées. Cet ersatz de libre arbitre contentera peut-être ceux qui ne comprennent pas la différence entre un mort et un vivant (voir les parents de Vincent Lambert et les illuminés comme François Bayrou qui légitime leur macabre frénésie), mais les sains d'esprit comprendront que le libre arbitre ne peut correspondre à aucune autre réalité qu'à l'aléa - l'expression d'Aléa au sein du dispositif noologique humain de l'individu. Le même Aléa s'exprime dans toute la noosphère, aussi bien à échelle collective qu'individuelle.

L'être humain ressent, en premier lieu, et de cette substance affective émerge une substance cognitive, qui offre à la première une construction de type Logos pour l'incarner, pour la rendre communicable. Une construction de type Logos, cela signifie une construction qui s'incarne dans le langage. Par langage, j'entends tout ce qui est traduisible en signe, quelle que soit la nature du signe, quelle que soit la nature du langage. De l'énergie de la substance affective, de l'organisation de la substance cognitive, découle le comportement, partie "visible" de l'activité noologique, celle qui réside dans l'action, quelle qu'en soit la nature, y compris de type récréative. L'être humain, ne pense et n'agit que parce qu'il ressent, la substance affective est au dispositif noologique humain ce que le vent est aux ondulations de la mer. 

Par quoi l'action peut-elle être motivée si ce n'est par la substance affective qui l'exige? Cette substance peut appartenir au domaine du désir, au domaine du besoin, de l'attraction ou de la répulsion. Le besoin est un désir impérieux, l'attraction est de même nature que la répulsion, ce sont les deux polarités du même courant. Quant au devoir, ce n'est qu'un besoin dissimulé. Si je me casse les reins par devoir, c'est parce que ce devoir m'est plus nécessaire que le loisir, le répit, le repos qu'il empêche, c'est donc un besoin. Ce besoin consiste aussi en la répulsion pour le lâcher prise, ou la remise en cause, aussi bien à tort qu'à raison, à tort si la machine cède sous la pression, à raison si elle se maintient en état de fonctionnement et que les enjeux, légitimes, exigent qu'elle fonctionne à un tel régime périlleux. Or cette source d'énergie, qui motive au sens propre le comportement, qui meut la machine humaine, nul ne peut prétendre avoir accès à son contrôle. Nul ne peut prétendre choisir ce qu'il ressent. On peut adhérer à ce que l'on ressent, ou le rejeter, mais pas le choisir. Or, si l'on adhère à ce que l'on ressent, c'est que l'on ne dispose d'aucune donnée qui impose de le rejeter, et si l'on le rejete, c'est, là encore, sous l'effet d'une nécessité elle-même de nature affective. Le rejet de la substace affective, par l'individu, lorsqu'elle se présente à lui, est le résultat de la pression d'une autre substance affective, contradictoire. Je désire ceci, mais je dois cela qui ne m'autorise pas à le désirer. J'ai besoin de ceci, mais j'ai aussi besoin de cela qui est contradictoire avec ceci. Je dois ceci, mais j'ai besoin de cela qui m'empêche de remplir mon devoir. 

Lorsqu'un conflit survient au sein du dispositif noologique de l'individu, ce n'est nul libre arbitre qui affronterait je-ne-sais-quoi. C'est ce qui se produit lorsqu'une pression rencontre un rempart. Or on ne choisit ni la nature de la pression, ni son intensité, ni la nature du rempart, ni sa solidité. La pression, c'est typiquement celle du désir et/ou du besoin, le rempart, c'est celui du devoir, notamment de la peur qu'il développe pour se faire respecter. Or, on ne peut évidemment pas choisir ce que l'on désire, ce dont on a besoin, mais on ne peut évidemment pas, non plus, choisir ce que l'on respecte et l'on craint. C'est seulement que, le désir, le besoin, lorsqu'il ne rencontre pas de contradiction particulière, ne suscite aucune défiance propre à déterminer qu'il n'a pas été choisi. Quant au rempart, lorsqu'il ne rencontre pas de pression trop violente, il ne présente rien, non plus, qui puisse en rendre l'existence encombrante. Tous deux, désir et rempart, sont hérités. Le désir ou le besoin est hérité des circonstances, nombreuses et complexes qui le suscitent au moment où il se présente, ou qui en font une donnée pérenne. Le rempart est hérité du parcours, de l'éducation, de l'expérience, de l'environnement en général, des données tout aussi nombreuses et complexes, dont aucune ne relève du moindre libre arbitre. Notons que le rempart peut s'avérer lui même un désir/besoin, et vice versa. Par exemple, je veux le tuer, mais j'ai peur des conséquences en tout genre, en particulier de la répression dont je ferai l'objet. Il y a désir/besoin dans les deux camps, désir/besoin de tuer, désir/besoin de se protéger. Certes, la notion de protection évoque davantage le rempart, or tout devoir relève en dernière instance du besoin de préservation. Toujours est-il que l'affrontement entre la pression et le rempart tourne en faveur du plus fort. Lorsque les deux sont puissants, leur affrontement entraîne des manifestations potentiellement très profondes, jusque, éventuellement, des phénomènes de type "burn out". Lorsque les deux s'annulent, il en résulte une paralysie, une paralysie éventuellement sous haute tension, sous l'effet de la pression. En cas de victoire de l'une des deux parties, résulte le comportement, l'action qu'elle exige.  

Il n'y a aucune place, dans l'analyse de la nature de l'activité humaine, pour un quelconque libre arbitre autre que l'aléa. L'aléa, comme toujours, s'exprime dans la réalisation du cahier des charges. Je vais m'emparer de ce bien, j'élabore la stratégie ad hoc. La stratégie seulement, pas l'objectif, voilà l'expression éventuelle du libre arbitre, si l'on admet la nature de cette liberté. La même liberté qui dispose le fruit de l'arbre en tel ou tel point de la branche, avec telle et telle qualité propre. Aléa s'exprime dans tous les compartiments du comportement, quoi que je fasse, j'ai un panel d'options disponibles, et un choix s'opère à l'intérieur de ce panel, tel est le libre arbitre, qui par conséquent, n'en est pas un. Aléa n'est pas seulement un bourreau, c'est aussi un noble ouvrier, et la noblesse de son ouvrage réside en toute forme de création conforme aux exigences de l'éthique, à commencer par l'art. Je ressens ceci, je vais le brosser, le jouer, l'écrire, le danser, le filmer, le sculpter, l'incarner comme cela. Mais même en matière d'art, Aléa ne joue qu'un rôle limité, car l'art est comme le reste, le fruit de données affectives et cognitives réunies dans une équation, or ces données, nous l'avons vu, nul ne peut en choisir la nature, elle ne peuvent qu'être héritées, quelle que soit la nature de l'héritage, purement "inné", ou purement "aquis".    

Qu'est-ce que l'inné, qu'est-ce que l'acquis? L'inné, c'est ce que son patrimoine génétique offre, comme qualité et/ou défaut. Sauf erreur, pas de libre arbitre pour choisir ses gènes (ai-je manqué une étape au moment de ma conception?) L'acquis, c'est ce que l'on prend de son environnement, à travers l'exercice de la vie et ses différents compartiments, familiaux, sociaux, les différentes activités d'apprentissage, d'ouvrage et de jeu. Or, ce que l'on prend de son environnement dépend évidemment de la nature de l'environnement, mais dépend aussi de la nature génétique de la machine qui les traite. Une chose est certaine, le libre arbitre n'intervient pas davantage dans le choix de l'environnement, que dans celui des gènes. On ne choisit ni ceux, et ce, qui nous entoure, ni les conditions pour, éventuellement, en changer. Car évidemment, tout cela est très mouvant, un mouvement qui correspond à l'activité d'Aléa. Aléa est le seul à pouvoir revendiquer cette liberté. 

Si le libre arbitre n'existe pas, ce qui existe, en revanche, c'est différents stade de complexité du traitement des données qui parviennent à la consience. L'être humain est une machine humaine, et cette machine est régie par un logiciel, qui est au logiciel informatique ce que le corps est aux mécanismes du robot. C'est à dire que les mécanismes (les systèmes) sont à l'oeuvre dans le corps humain et celui du robot, ils sont aussi à l'oeuvre dans la conscience, dans l'esprit en général, comme en informatique. Ce qui varie, c'est la nature - et encore, dans une certaine mesure, car nous avons vu qu'à la fin, tout est électrons et leurs éventuels noyaux - et le degré de complexité du mécanisme, du système. La conscience ne déroge pas à la règle. Plus les données dont elle dispose sont complexes, plus le résultat du logiciel sera complexe, et donc apte à saisir et restituer la réalité à laquelle il s'intéresse. Ce qui forge, élabore le logiciel humain, c'est l'exercice de la vie. Il se façonne à mesure qu'il exerce. Il est le fruit, lui aussi, du patrimoine génétique et de l'environnement au sein duquel il évolue (la patrimoine génétique devant être considéré comme partie de l'environnement de la conscience, puisque c'est le fruit de la rencontre entre Aléa et le plus proche environnement biologique du corps, les géniteurs). Il ne répond à aucune forme de libre arbitre.

Le logiciel humain correspond à l'instance de l'esprit, à fortiori de la conscience, qui gère les données disponibles, c'est à dire la substance affective et cognitive. C'est celui qui produira les résultats de toute problématique, de toute équation, quelle qu'en soit la nature. Il est donc crucial qu'il soit de bonne qualité. Or, ce logiciel présente deux "étages" ou "compartiments" dans son fonctionnement. Le premier étage correspond à la faculté d'appréhension des données, le second à leur faculté de traitement. La faculté d'appréhension correspond aux capacités cognitives classiques, par exemple, suis-je capable de comprendre ce texte, c'est à dire d'en restituer le contenu sous une autre forme? La faculté de traitement correspond à la faculté d'exercer l'esprit critique, la remise en cause. Or, ce qui se produit lorsque le premier compartiment est défaillant, c'est que le second l'est aussi, évidemment, mais d'une façon particulière, cela donne un esprit critique taré dans la mesure où il se choisira un vrai plus faux encore que le faux qu'il a rejeté. Il est un point commun aux esprits les plus misérables et les plus éclairés, c'est de trier le vrai du faux. Or, des capacités cognitives réduites, cela favorise tout naturellement l'erreur, c'est à dire l'illusion. Pour voir ce phénomène illustré, il faut parcourir les commentaires des différents articles traitant des sujets de société/politique sur la toile. Il consistent en un massacre en règle de la langue française, tout à fait proportionnel à la débilité des thèses défendues. Par ailleurs, l'être humain a un irrepressible besoin, quand il a trouvé du mal, de trouver le bien qui va avec. Or, il est tâche aisée, même à l'esprit le plus misérable, de se trouver un mal, mais ériger un bien, c'est beaucoup, beaucoup plus difficile. Il en résulte que, le premier bien trouvé est le bon, aussi mauvais soit-il. Or l'offre en illusion est riche, très riche, et très diverse, foisonnante, d'autant plus que la pensée "dominante" l'est de moins en moins. Les moins de trente ans ne regardent plus la télé. Ils ne sont plus exposés aux conneries qu'on leur raconte à la télé, mais le sont de plein fouet à la merde que charrie le net. Je dis que l'ignorance est mère de tous les vices, mais l'érudition de fait que multiplier ce vice, sous l'effet de l'illusion.

Le point commun à l'ignorance et à l'érudition viciée, c'est l'absence de résistance du logiciel à un phénomène qu'il est indispensable de comprendre, et que vous ne trouverez expliqué nulle part ailleurs que par ces lignes : Les données cognitives sont soumises à une force de type G, non pas seulement sous l'action de la vitesse physique, mais aussi sous l'action de la substance affective. Plus cette dernière est forte, plus elle dégage d'énergie, plus les données cognitives en présence sont susceptibles de subir des défauts de traitement. Or, tout sujet crucial est aussi un sujet sensible. Les grands penseurs, quand ils ne se trompent pas eux-même lourdement, sont des esprits qui ont produit, à la fois grâce et malgré les G, une équation solide. Les G, c'est la pression du désir, de la peur, de la colère, de la haine, de l'amour, de la répulsion et de l'attraction. Les G, c'est le stress, sous toutes ses formes, conscientes et inconsientes. Le stress inconscient, c'est quand on ressent quelque chose de fort, mais que l'on n'intègre pas cette donnée dans sa représentation de soi et du monde, parce que l'on refuse de l'admettre, (ou) parce que l'on ne sait pas l'identifier. Or l'érudition ne protège nullement des G, car l'érudition ne concerne que le premier compartiment du logiciel, la capacité d'appréhension des données. Or, c'est seulement en vertu du second compartiment du logiciel, la remise en cause, que l'on peut s'apercevoir de son erreur et la corriger, ou simplement éviter l'erreur sous l'effet de l'attention portée malgré l'adversité. Or l'érudit, repu de son érudition, est peu enclein à la remise en cause la plus fondamentale, et les erreurs qu'il produit sont les plus fondamentales, les plus dramatiques, les plus éloquentes. L'antidote? L'humilité. L'érudition ne sert à rien si elle ne suscite pas l'humilité. Elle est, au mieux, bavardage, au pire, vice cruel en puissance.

Le logiciel humain est au logiciel informatique ce que la machine biologique est à la machine artefact, je l'ai dit. Ce qui singularise le logiciel humain, par rapport au logiciel informatique, ce n'est pas son compartiment cognitif, mais son compartiment affectif. Le premier ne traite pas seulement des données traduisibles en signes, il traite aussi la substance affective pure, dont nous avons vu qu'elle motive la substance cognitive. Pour ce qui est des données cognitives, le logiciel informatique fait le même boulot que le logiciel humain. A telle enseigne qu'il existe déjà, bien connus des musiciens, des logiciels informatiques capables de générer des mélodies dans le style des improvisateurs de jazz emblématiques. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne produise des symphonies dans le style tel ou tel grand compositeur. Quand l'être humain aura crée un logiciel qui ressent, il aura crée un esprit d'une nouvelle nature, avec un libre arbitre qui n'en est toujours pas un. Or, qu'est-ce qu'un logiciel qui ressent, c'est un logiciel dont les circuits sont de nature biologique. Le cerveau produit de l'affect, parce que l'activité des électrons qu'il organise se développe au sein d'un circuit consitué de neurones et autres synapses, qui eux-mêmes sont constitués de substance organique. Tel est le prochain grand saut dans la technologie, celui des biotechnologies. A terme, cela donnera nécessairement naissance à des êtres hybrides, mi "électroniques" mi "organiques", plus performants que l'être humain pour traiter les données cognitives, et sujets, comme lui, à la substance affective. Pour l'instant, les recherches qui vont dans ce sens ont déjà abouti à l'amélioration des performences cognitives de grands singes, par l'intervention d'un dispositif électronique au sein du cerveau. En effet, l 'erreur de computation du logiciel organique consiste ici en une faiblesse de signal ; le même signal, assez puissant, entraîne le bon résultat, quand il entraîne l'erreur en dessous d'une certain seuil. Une puce électronique amplifie ce signal, et le délivre directement au réseau neuronal chargé de le traiter avec des résultats impressionnants (je ne retrouve plus les références de ces travaux, mais je les incluerai quand j'aurai remis la main dessus).  

Pour conclure cette théorie, je dois revenir sur ce que je disais en préambule ; si le libre arbitre n'est pas (encore tout à fait) une affaire de science, la science actuelle n'est pas sans éléments relatifs au libre arbitre. Loin s'en faut. En fait, l'argument le plus éloquent en faveur de la thèse de l'illusion du libre arbitre est de nature scientifique! C'est le plus éloquent, parce que le plus empirique, parce que le plus incarné, incarné dans l'implacable réalité des données électriques. Je fais allusion aux recherches de Benjamin Libet, reprises et significativement développées par Patrick Haggard. Ces recherches s'intéressent au lien entre l'activité cérébrale, c'est à dire l'activité des électrons au sein du circuit cérébral mesurée grâce aux technologies d'imagerie dédiées, et les manifestations de choix/décision. Libet a isolé ce qui caractérise la prise de décision, face à un choix offert au sujet. Cette imagerie cérébrale de la prise de décision, elle est caractérisée, c'est à dire que l'on peut affirmer, sur la foi de l'image, la nature de la décision. Or, Libet a remarqué que cette prise de décision est précédée, chronologiquement, par un stimulus qui, lui aussi caractérise la future décision, et qui, lui, se produit hors champ de la conscience, avant l'intervention de cette dernière.  En bon soldat du libre arbitre, Libet en avait conclu que ce dernier résidait en un droit de véto de la conscience à l'encontre du stimulus. Mais le prolongement de Haggard vient invalider cette hypothèse désespérée. Ce dernier établit que, lorsqu'un véto se produit, un changement d'option "de dernière minute" (d'une dernière fraction de seconde) il est lui-même le fruit d'un stimulus ad hoc. La conclusion à tirer ne laisse place à l'ambiguité; la prise de décision est déterminée par un stimulus extra cogito, en d'autres termes, le libre arbitre n'existe pas. Nous le voyons avec nos yeux, comme nous voyons la terre tourner autour du soleil, la science nous offre cet immense privilège. Mais nous n'avons pas encore tiré les enseignements de ce que nous voyons pourtant, et que Haggard reconnait bien en tant que tel. C'est que le libre arbitre a la peau aussi dure qu'elle est profonde et ancienne, une peau d'illusion, des cellules mortes qui bientôt, se désagrégeront. 

La peau du libre arbitre, je crois l'avoir eue ici. J'avais envisagé de multiplier les exemples et les illustrations, mais j'ai la flemme. Je crois avoir fait le job. Si le libre arbitre revient m'emmerder, je ne manquerai pas de le rosser à coups de tatane, encore et encore, jusqu'à ce qu'il dégage une bonne fois. Pour l'heure, je reviens sur Dieu, conclure la première étape de mon récit.  

(ajouts du 20 juin : j'ai oublié de discuter plus explicitement le lien décision-résultat, je mettrai à jour le chapitre à l'occasion)

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