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Carnet d'un Facteur Cheval de la philosophie et révolutionnaire devant l'Eternel.
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19 juin 2015

Jouissance - liberté/bonheur et douleur

La civilisation occidentale post Deus Mortem a remplacé Dieu par le libre arbitre, l'argent, et tout cela, finalement, appartient au domaine de l'idolâtrie de la liberté. Or, la liberté n'est pas une idole digne de ce nom, la liberté est à placer au même rang que la valeur à laquelle elle correspond en réalité, la valeur jouissance. Oui, il faut jouir, oui, la vie ne peut, et ne doit, être que douleur. Mais la jouissance n'est pas la dignité. S'il n'y a pas de dignité sans trace de jouissance, la jouissance, telle le taux de cholesterol dans le sang, devient nocive au-delà d'un certain seuil. Elle devient le gras-double de l'esprit, venant remplacer la musculature de la dignité. Elle est l'obscurité où viennent se tapir les illusions, ici, à la lumière aveuglante de la jouissance, elles sont indétectables. Les illusions surviennent nécessairement, la question, c'est de savoir si elles sont détectées ou non. Or, je l'ai dit, elles ne sont détectées que dans la douleur. Il faut savoir jouir, certes, mais il faut surtout savoir payer de douleur. Une vie équilibrée comporte le bon taux de jouissance, et le bon taux de douleur. Alors, il n'y a pas de souffrance. Et dans un monde dont le taux de jouissance de ceux qui jouissent sera limité, et le taux de douleur imposé à chacun en fonction de sa faculté de production, il n'y aura plus de souffrance. Plus de souffrance sociale. Il y aura toujours souffrance passionnelle. Mais la souffrance sociale correspond à l'essentiel de la souffrance passionnelle que portent les êtres humains en ce XXIe siècle.  

La liberté est, et n'est que jouissance, parce qu'elle ne procède que du confort, le confort de ne pas subir d'entraves douloureuses. Qu'importe la nature de l'aspiration, du désir, du besoin, qu'importe la nature de l'entrave, c'est à leur confrontation, et à leur confrontation seule qu'à trait la liberté. La liberté n'est en aucune manière celle de déterminer la nature de l'aspiration, du désir, du besoin, de l'entrave. Cela, nous l'avons vu, c'est la machine humaine qui le détermine, au sein de son écosystème noologique, en fonction de son rôle, sa position, sa place dans le dispositif global. Aussi, la liberté chantée par les parangons de vertu est une putain, c'est une catain qui mérite ce nom malgré sa beauté, parce qu'elle fait croire à de l'amour, quand elle ne procure que du sexe. Il faut remettre la liberté à sa place de compagnon domestique de l'esprit, celui dont la présence appaise le quotidien, nourrit l'estime de soi, tant que cela se fait sans excès, tant que cela respecte les impératifs éthiques. 

Là où la liberté se révèle aussi précieuse qu'elle le prétend, c'est dans l'adversité scélérate, et dans l'adversité scélérate seulement, lorsque que l'on veut abattre une liberté qui ne fait rien de mal, conformément à la définition du bien et du mal que j'ai livrée. Alors, la liberté se dresse, et les coups portés par le glaive qu'elle manie, si elle en manie un quelconque, sont des coups portés au mal, comme un chien mord l'agresseur de son propriétaire innocent. Mais en dehors de ce cas de figure, la liberté doit rester dans sa niche, et filer droit sous les impératifs éthiques.

L'enjeu de la liberté, c'est celui de comprendre que s'il est une liberté, ce n'est certainement pas celle d'être talentueux, mais peut-être celle d'être loyal. L'enjeu de la liberté, c'est de se choisir les saints auxquels se vouer, en connaissance de cause. L'enjeu de la liberté est en réalité, donc, celui de l'intelligence, l'intelligence de servir des intérêts que l'on soit capable de revendiquer, par opposition à la médiocrité de servir des intérêts pourris, de quelque putréfaction qu'ils soient. L'être humain ne peut que servir, servir à quelque chose, il n'est rien d'autre qu'une abeille (éventuellement) intelligente, en mesure de sélectionner sa ruche, étant entendu, conformément à ce que nous avons discuté, que toutes les ruches sont celles de Dieu, mais que toutes ne sont pas celles du bien, loin s'en faut. Le paradoxe de la liberté de se choisir le bon saint est le même que celui du libre arbitre en général, il est le fait que, ce qui incline le choix, détermine la décision, c'est justement des facteurs "extra cogito", donc "extra libertas". Mais la bonne nouvelle, c'est que si l'on est loyal à ce qui le mérite, alors on est dans une dynamique vertueuse de vie, y compris sur le plan du talent. Le talent, c'est la dévotion, c'est à dire la faculté à développer de l'énergie dans un objectif donné. Cette énergie, une fois déployée, s'organise nécessairement de manière créative. La créativité, c'est avoir l'esprit disponible, sans les dysfonctionnements liés à l'illusion, dans la loyauté aux règles qui régissent la réalité que laboure et parcourt l'esprit dans le cadre de son activité. 

Le bonheur, c'est l'aboutissement de la liberté, c'est à dire l'absence parfaite d'entrave. Par conséquent, l'idéologie du bonheur est plus tarée encore que celle de la liberté. Je tempère, cela dépend de ce que l'on appelle bonheur. Si l'on entend par "bonheur" en réalité tout simplement "équilibre", alors oui, le bonheur est une nécessité pour laquelle il faut combattre, puisque cet équilibre entre jouissance et douleur, c'est celui que j'appelle de mes voeux. Mais si le bonheur ressemble à une carte postale hollywoodienne, il ne vaut pas le papier glacé sur lequel on l'imprime. Il y a éventuellement lieu de se demander s'il est possible d'être heureux sans être un imbécile, mais une chose est certaine, tout imbécile est heureux. Qu'est-ce que l'imbécilité? C'est un degré modéré d'illusion, modérément au dessus d'un taux convenable. L'imbécilité, c'est ne pas savoir que l'on ignore. Quand la débilité, c'est croire savoir ce que l'on ignore. Tout imbécile est heureux, car dans le monde qu'il s'est construit, il n'y a pas d'orage propre à l'ébranler. Ces orages existent pourtant, de toute nature. Le débile est susceptible d'être heureux, mais il est également susceptible d'être très torturé, pour voir le mal partout, y compris où il n'existe pas. Tout imbécile est heureux disais-je, mais le bienheureux est-il nécessairement un imbécile? Non, pas si c'est un bienheureux équilibré entre la jouissance qu'il possède, et la conscience de l'existence de la souffrance. Le bienheureux, c'est le passionné, l'investi, le comblé. 

Ce dernier peut s'avérer le pire des débiles, c'est en particulier le cas pour les self made men qui se gargarisent de l'orgueil de s'être fait eux-mêmes. Plus ils sortent d'une profonde boue, ayant atteint des sommets de prospérité/jouissance et/ou de gloire/pouvoir, plus ils sont susceptibles d'être débiles, de la débilité de croire qu'ils doivent leur ascension à leur libre arbitre, à leur liberté donc. Ces gens ne comprennent pas que la force qui les a mû, que l'énergie, sous quelque forme que ce soit, le talent, la passion, la réunion des deux, est une force, une énergie qui ne se décrète pas davantage que la force physique. Si nous vivions dans un monde où, pour récolter prospérité et recevoir gloire, il fallait soulever des troncs d'arbre, alors les mieux physiquement constitués seraient les prospères, les glorieux, et les chétifs, les "assistés", les "défavorisés". Le libre arbitre serait le même. La force, l'énergie dont se meut l'esprit, sa substance noologique, est tout aussi étrangère à la liberté que la substance biologique. Comme elle, elle appartient au règne d'Aléa, de la génétique, et à l'influence cruciale de l'environnement. 

Le libre arbitre a décidément la peau dure, qui me poursuit jusqu'ici. Va-t-il continuer encore longtemps? 

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Commentaires
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  • Il fallait choisir une catégorie, j'ai opté pour "littérature et poésie", s'il y a avait eu "philosophie", j'aurai retenu ce choix, même s'il s'agit aussi bien de "politique". Ceci est un journal intime, une lettre ouverte au monde, finalement mon oeuvre
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